La Congrégation des Sœurs de Saint-Paul est toujours propriétaire majoritaire du Groupe St-Paul. Deux sœurs siègent aujourd’hui encore au conseil d’administration. Sœur Agnès, mère supérieure âgée de 52 ans, est l’une des représentantes de la congrégation dans cet organe stratégique. A l’occasion du 150e anniversaire de La Liberté, elle revient sur les liens qui unissent la congrégation au quotidien fribourgeois.
Quel est votre lien avec La Liberté?
Sœur Agnès: Un lien très fort nous unit puisque c’est pour faire vivre ce journal que la Congrégation des Sœurs de Saint-Paul a été fondée. La Liberté, c’est nos racines. Une sœur de Madagascar a dit une fois: «La Liberté, c’est un peu comme ma grand-mère!»
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Le nombre de soeurs membres de l'Oeuvre de Saint-Paul en 1878
Mais que représente notre quotidien aujourd’hui pour la congrégation, alors qu’il ne porte plus beaucoup de message religieux?
Parler de Dieu ne signifie pas forcément le nommer. A travers l’Amour, le Beau, le Vrai et le Bien, Dieu se dit aussi. De nombreux articles racontent ce que des gens font de bien, présentent ce qui est beau. Et dans votre travail de journaliste, vous recherchez la vérité, et cela rejoint l’esprit de notre fondateur, le chanoine Schorderet, qui disait: «Ne blessez que les erreurs, les hommes aimez-les toujours!»
Qu’est-ce qui vous a incitée en particulier à vous engager pour la Congrégation des Sœurs de Saint-Paul?
Leur mission consiste à être au service de la presse et des autres moyens de communication sociale, afin d’annoncer l’Evangile. Mais l’Evangile, c’est tout ce qui permet à l’homme d’être debout. L’écrit contribue à la formation et à la culture. Comme élève, cela voulait dire pour moi, par le livre, donc par une imprimerie, alors même que je viens d’une culture orale pour avoir grandi au Sénégal. La diffusion d’une parole qui relève, qui apaise, qui crée des ponts, ou encore qui met le Bien en lumière m’a attirée. J’ai rencontré des sœurs de Saint-Paul au Sénégal. Avec des amies, nous allions leur acheter des cartes de vœux. Et j’ai eu envie de ressembler à celles qui, par leurs prières et leurs activités, portent le monde de la presse auquel elles ont donné d’une certaine façon leur vie.
“Les journalistes recherchent la vérité, cela rejoint l’esprit de notre fondateur”
Soeur Agnès
J’ai grandi dans une famille catholique, pratiquante. Je suis la sixième de huit enfants, et l’un de mes frères s’est aussi engagé dans une congrégation. J’ai posé mes valises à Fribourg en 1995. J’avais alors 26 ans.
Et comment êtes-vous devenue mère supérieure?
Tous les cinq ans, nous prenons le temps d’un bilan, nous élaborons des perspectives d’avenir et nous nommons notre supérieure générale et son conseil. C’est un peu comme une élection, mais sans campagne et sans partis (rires). Et la dernière fois, en 2017, j’ai été très surprise que mes sœurs me choisissent.
Comment envisagez-vous l’avenir de votre congrégation?
Notre avenir dépend de notre foi dans le Christ mort et ressuscité et de l’amour que nous avons les unes pour les autres. Cette année 2021, nous avons célébré l’engagement définitif de cinq sœurs vietnamiennes et d’une sœur malgache; trois Burundaises et deux Malgaches feront bientôt leurs premiers vœux. Il y a donc encore des jeunes femmes qui répondent à l’appel du Christ. Nous sommes 110, réparties dans cinq pays, dont une quarantaine ici à Fribourg. Même si le tronc est vieillissant, il y a toujours de nouvelles branches dans lesquelles coule la même sève.