Un Hebdo pour le Grand Fribourg
1990-1992. Durant deux ans, du 6 avril 1990 au 16 avril 1992, La Liberté a publié le supplément Grand Fribourg Hebdo, qui était distribué gratuitement à Fribourg et dans les localités avoisinantes. L’objectif de ce tout-ménage de 12 à 16 pages, animé par Pierre-André Zurkinden, était double: créer «un trait d’union entre Fribourg et ses communes périphériques» et verrouiller un marché publicitaire convoité.
La notion de Grand Fribourg existait de longue date, mais son actualité s’est faite soudain «pressante», avec la création d’une communauté urbaine des transports ou encore d’un projet de théâtre à Givisiez. Observant – déjà – que le Grand Fribourg était «une notion politique évoluant lentement», le responsable de la rubrique régionale du quotidien, Jean-Luc Piller, soulignait dans sa présentation du nouvel hebdomadaire qu’il était temps de «construire».
Limité au départ aux communes de Belfaux, Corminbœuf, Givisiez, Granges-Paccot, Marly, Villars-sur-Glâne et Fribourg, puis étendu à une zone plus large, le journal se voulait proche des gens et de la vie associative. C’est ainsi que les lecteurs ont pu découvrir sur le terrain et en pleine action des personnages fascinants: ambulanciers, ramoneurs, enseignants, spéléologues, aérostiers, collectionneurs, artistes… et même un chirurgien en pleine opération.
Lors de la disparition du supplément, liée à la baisse publicitaire, l’approche de proximité du GF Hebdo a été reprise dans le quotidien, et son «agenda» culturel transformé en cahier Sortir. Le Grand Fribourg, lui, attend toujours sa concrétisation…
L’expérimentation qui a duré
14 juin 1996. La Liberté se branche sur internet. Pour l’événement, Claude Chuard, rédacteur en chef adjoint, signe même un éditorial expliquant l’intention du quotidien, qui voulait simplement vivre avec son temps. «Il désire participer, à son échelle, à une des aventures les plus excitantes de cette fin de siècle en matière de communication.»
Voici à qui ressemblait le site web de La Liberté à ses débuts
En tapant www.laliberte.ch sur son clavier d’ordinateur, comme le précisait l’édito, le lecteur découvrait une offre limitée: cinq rubriques (éditorial avec article de fond, magazine, sport, sortir et petites annonces). Un typographe était chargé de la mise en ligne des articles. La phase, expérimentale, a duré.
Le journal continue à se lire sur un écran – plat désormais – mais aussi sur tablette ou smartphone, où un doigt suffit pour faire défiler l’information. Vingt-cinq ans plus tard, La Liberté est toujours présente sur internet, à la même adresse ou avec une application, mais aussi sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram ou Twitter. Elle propose également des articles en primeur à ses abonnés et des newsletters.
Un premier journaliste a été engagé à 50% pour animer le site en 2011. La cellule spécialisée se compose désormais de quatre personnes, alors que le marketing est également actif sur ces nouveaux vecteurs de communication.
La Liberté fait son carnaval
2000. Mais quelle mouche a bien pu piquer La Liberté, en 2000, pour qu’elle «ose» éditer un véritable journal de carnaval? Assurément, la décoiffante tempête Lothar a secoué les esprits. Le 4 mars, elle publie le supplément Lotharie, où elle révèle, photomontages et dessins à l’appui, les effets stupéfiants du maïs transgénique sur le Conseil d’Etat ou la recette du lynx sauce chasseur. Suivront une dizaine d’éditions aux titres évocateurs, comme Le Quatrième Canard (Guggenjournal officiel de la moitié du Conseil communal de Fribourg), La Barbe! (Journal à rebrousse-poil) de l’après-11 septembre, Fritanic (Journal de tous les naufrages), La Brosse à Deiss, A Fond la Caisse (Faire-part officiel de l’Institution de prévoyance de la ville de Fribourg), _Fri-Gor_e (Journal aux coups fourrés et aux châtaignes) ou encore _Le Rababo_u (Journal «official», avec Grand «Bettisier» incorporé), qui a évidemment «encensé» l’évêché. Avec les années, cet esprit de «franche déconnade» s’est essoufflé, mais l’humour reste de mise dans certaines rubriques de La Liberté. Toute l’année!
Une édition spéciale en soirée
22 juillet 1997. Le Tour de France fait étape à Fribourg. Parti de Morzine, le peloton entre dans le canton de Fribourg peu avant Montbovon, traverse Bulle avant de rallier Fribourg. Le Français Christophe Mengin gagne au sprint en haut du boulevard de Pérolles. Les principales artères de la ville sont bouclées, la population est en effervescence, comme les bureaux de la rédaction. Impossible d’éviter le brouhaha ambiant.
Une édition spéciale paraît en soirée, vendue à la criée à Bulle et à Fribourg. L’affluence est énorme dans la capitale cantonale, où se déroule également le festival Jazz Parade, avec ce mardi soir un concert de Soldat Louis à la place Georges-Python.
Toutes les forces rédactionnelles ont été mobilisées. L’édition du 23 juillet se compose de quatre cahiers, les deux premiers habituels (Suisse, International, Economie et Régions), puis le «Spécial TdF», à la place du Magazine, et le Sport pour terminer. Un édito du rédacteur en chef Roger de Diesbach affirme que le Tour, c’est du jaune soleil pour la ville. Le cahier spécial se compose de sept pages rédactionnelles avec, en plus des articles autour de la course elle-même, des sujets plus large public traités par des journalistes d’autres rubriques: ambiance (Magalie Goumaz), reportage au col de la Croix (Patrice Favre), dans les hôtels (Kessava Packiry) ou lors de l’installation de la ligne d’arrivée (Serge Gumy).
Pour l’anecdote, une édition spéciale avait été préparée en 2013, prête à être imprimée en cas de titre de Gottéron. Elle n’a jamais paru.
Une otarie à la rédaction!
1991. L’un des défis des journalistes, c’est le traitement des «marronniers», ces articles consacrés à des événements annuels aussi prévisibles que récurrents. Ainsi en est-il de la rentrée des classes, de la bénichon, de la Saint-Nicolas, de Pâques ou des départs en vacances. Et bien sûr… du passage du Knie!
En 1991, le cirque national plantait sa tente sur la place de l’ancien comptoir, à deux pas de La Liberté. Manquant d’idées, j’y fais un saut. C’est mon jour de chance! Pour marquer les 700 ans de la Confédération, la famille Knie a concocté un programme 100% helvétique. Et l’un des artistes, le dompteur Roland Duss, est Fribourgeois. Il se produit sur la piste avec une facétieuse otarie mâle de Patagonie, nommée Johnny qui, malgré ses 17 ans et ses 300 kg, est aussi souple qu’un contorsionniste. Fort bien élevé, le pinnipède a le sens des convenances. Il me gratifie spontanément d’une petite visite de courtoisie à La Liberté.
Nous voilà donc partis à pied et à pattes sur le boulevard de Pérolles, empruntant le monte-charge jusqu’aux longs couloirs de la rédaction. Arrivé dans la salle de la rubrique régionale, le mammifère marin salue poliment son monde, puis se lance dans un discours de circonstance «sur l’art de la pêche aux scoops et la pratique commode de la dépêche en eaux troubles».
Un photomontage, pensez-vous? Un poisson d’avril? Absolument pas! Les anciens se souviennent encore de l’odeur de poisson qui a flotté au moins une semaine dans la rédaction!